Complément à l'Introduction de la section des icônes
L'importance du cadre et de la bordure sur les icônes
et mode de présentation des icônes sur ce site
L'importance du cadre et de la bordure sur les icônes
Dans les icônes de tradition chrétienne
orientale (orthodoxe), le cadre fait partie intrinsèque de l'oeuvre.
Ce cadre large qui entoure l'image sainte
proprement dite, laquelle est en principe déposée en creux au centre
de la planche de bois, symbolise l'humanité qui, par son désir pour
Dieu, lui accorde un espace intérieur pour l'accueillir et se
laisser transformer par son Esprit.
Ce faisant, l'icône ainsi que le priant et la priante de
l'icône reproduisent le mystère de l'Incarnation dans leur matière
personnelle sous un mode relationnel et participatif.
Étymologiquement, le mot incarnation
signifie littéralement 'ce qui se fait dans la chair' : c'est Dieu
qui s'incarne devenant vrai Homme autant qu'il est vrai Dieu.
Pour signifier cette idée de la circonscription ou limitation
(kénose) du divin dans la chair par le Christ, la tradition
iconographique entoure les icônes d'un fin trait rouge.
Cette bordure symbolise l'entrée irréversible du Divin sans
limite et pur esprit dans la matière limitée, caractérisée et
périssable, notre corporéité corps et âme qu'il fait sienne à
jamais, une corporéité humaine personnelle et générique, inséparable
de celle du monde créé.
Ce faisant, du fait qu'il possède les deux natures, le Verbe-Image
incarné peut dès lors élever la nôtre à la sienne et nous
transmettre sa vie éternelle par grâce et participation.
C'est ce que la théologie orthodoxe appelle la théosis, la
vie d'union avec Dieu, l'achèvement de notre état d'image à celui de
ressemblance avec notre prototype et créateur, le Seigneur, Dieu de
l'Univers.
La couleur rouge de ce trait en bordure
fait voir sous un mode symbolique que cette Incarnation s'est faite
par l'opération de l'Esprit Saint en Marie-Théotokos qui fut la
première Icône humaine achevée.
Le rouge comme le vert sont des couleurs que l'iconographie
attribue souvent à l'Esprit (cf. Sendler).
En principe, donc, une icône n'a pas besoin
d'être encadrée, sauf pour la sertir dans un écrin et la protéger,
car lui rajouter un cadre purement décoratif n'a aucune
signification dans la logique théologique et spirituelle de l'icône.
A l'inverse, le cadre et la bordure ne doivent pas être
enlevés au risque de rompre la symbolique complète de l'icône.
Cela dit, j'ai pris soin de permettre de
voir l'icône dans son état original.
Pour ce faire, il suffit de cliquer sur l'image dans la fiche
qui la présente. De
même, les images déposées sur le site Flickr, et dont on trouve le
lien sur les fiches en question, présentent également les icônes
avec leur bordure rouge originelle.
Prendre note toutefois que les photographies d'origine,
presque toutes des photos d'amateur, ne rendent pas nécessairement
la bordure avec toute la précision requise.
Michèle Lévesque
cr 2014-05-04 dmj 2018-02-16